dimanche 16 mars 2014

La question du logement : Un problème majeur pour les classes populaires

Promoteurs à l'affut...    

Tous les matins, à l’heure de l’embauche, il suffit de prendre la rocade pour être révolté par l’organisation anarchique de la société : des milliers de salariés qui habitent sur la rive droite vont travailler sur les zones industrielles de Pessac et Mérignac… Chaque jour, de la même manière, des travailleurs viennent du Bassin, du Blayais, du Libournais, du Médoc, vers la CUB.
Des heures de vie gaspillées, un gâchis économique, humain, et une pollution qui augmente régulièrement. Cela pose bien sûr le problème des transports collectifs, mais cela pose au moins autant celui de la distance toujours plus grande entre lieu de vie et de travail. Comment peut-il en être autrement quand le prix des loyers est tel dans les communes de la CUB que seuls les cadres et catégories professionnelles dites supérieures parviennent à s’y loger sans difficulté. Qu’on en juge : alors que dans la moyenne des villes les « cadres et catégories intellectuelles supérieures » représentent 9,2 % de la population, ils sont 18,4 % à Mérignac, 21,5 % à Pessac, 24,7 % à Talence, 24,9 % à Bordeaux…
Les pauvres, les ouvriers, n’ont comme choix que quelques concentrations d’habitat dit « social » dans ces communes ou, le plus souvent, les communes de la Rive droite elles-mêmes en proie aux fortes hausses de loyers avec la hausse de la demande qui a accompagné l’arrivée du tramway (!). De fait, les familles ouvrières, les jeunes couples à la recherche d’un logement, sont repoussés toujours plus loin des centres urbains. A la campagne certes… mais avec des journées sans fin, des heures passées dans les bouchons pour se rendre au travail et revenir et, sur place, des services publics à l’abandon. Cela alors que sur la CUB les logements vides sont nombreux et que les promoteurs construisent à tour de bras… des résidences chics, réservées à d’autres bourses...
Il est urgent d’en finir avec cette anarchie et la loi du fric et des promoteurs : les collectivités publiques, sous contrôle des populations et des salariés, doivent pouvoir maîtriser l’urbanisation de l’agglomération, pouvoir préempter les terrains et bâtiments mis en vente, décider du type de logements, des loyers qui y seront pratiqués. La loi de réquisition des logements vides doit être mise en œuvre avec obligation d’entretien et de mise aux normes. Il faut une véritable loi de contrôle et de baisse des loyers, un programme national de construction et de réhabilitation de logements accessibles à tous et, bien sûr, interrompre tous les programmes de démolition tant qu’on n’aura pas résolu la crise actuelle du logement.
Et au-delà, la question du logement pose celle de l’organisation de la production et de l’ensemble des activités, au plus près des besoins des consommateurs… et du monde du travail.
Isabelle Ufferte